DÉCEPTION

21 janvier, 18h55 au ciné-planet d’Alès, une trentaine de membres de la chorale ou de l’orchestre étaient impatients de découvrir, en direct, la production par le prestigieux Metropolitan Opera of New-York du Roméo et Juliette de Gounod, de notre Roméo soi-même. Hélas, hélas, ce ne fut pas la merveille attendue. Et comme cette chronique est parfaitement subjective, elle sera exceptionnellement signée, si d’autres avis veulent se donner à lire ils seront les bienvenus.

Donc allons y voir de plus près sur quelques aspects franchement dérangeants.

LES COSTUMES

Somptueux, forcément, mais pourquoi avoir situé l’histoire au 18ème siècle ? Pourquoi pas bien sûr, mais peut-on se contenter d’un pourquoi pas en la matière ?



LE DÉCOR

Alors que le drame se situe en des lieux bien différents (la rue, la salle de bal du palais, le fameux balcon de Juliette, la chapelle du palais, la crypte des tombeaux), là on nous met tout en vrac dans le même espace, sorte de place toute grise en ville. Le Met aime le gris : déjà il y a quelques mois c’est Don Giovanni qui était enserré dans une sorte d’arène urbaine riche en planches grisâtres. Ensuite il suffit de remplacer les fleurs et les courgettes du marché par des tombeaux sur roulettes, et le tour semble joué… Quelques bonheurs de mise en scène, comme le grand voile blanc qui descend sur la scène (voir photo), ne compensent pas l’indigence générale de ce décor.

LE PUBLIC

Passe encore qu’à New-York, mais hélas diffusé partout, un malotru se soit cru autorisé à brâmer après chaque solo ou duo de tonitruants Bravo, Brava, ou Bravi (il tenait à prouver au monde entier qu’il savait décliner l’italien), bien que l'on puisse supposer que la direction aurait pu lui demander de mettre un bémol à ses extravagances... Ce qui m’a paru le plus choquant c’est le public, de New-York encore, dans son ensemble qui s’est répandu en applaudissements juste après les derniers mots des amants désespérés, un « Pardonnez-nous » tendrement chuchoté. Alors peut-on me dire pourquoi Gounod a fait suivre cette phrase par une douzaine de mesures instrumentales, qui embellissent ce dernier souffle ? 



Si même le public censé aimer l'opéra du Met ne sait pas se tenir à cet égard, qui le fera ? Merci à Karen qui ne manque pas une occasion de nous rappeler qu’il faut accompagner la fin d’une musique par un silence, que ce silence fait partie de la musique même.

Dommage.

Bernard

A suivre…