CHARLES GOUNOD

1 – VOCATION SACERDOTALE

Charles-François Gounod est né le 17 juin 1818 à Paris. Il est le fils du peintre François-Louis Gounod, et de Victoire Lemachois qui fut son premier professeur de piano.

Orphelin à cinq ans, il est élevé par sa mère, femme de caractère, intelligente et musicienne qui lui fait donner de solides humanités (entrée au lycée Saint-Louis en 1829 ; baccalauréat de philosophie en 1836), tout en développant ses dons artistiques (enfant, il écoute la Malibran dans Don Giovanni, Otello de Rossini ; la 6e et la 9e Symphonie de Beethoven). Entré au Conservatoire, il est successivement élève de Reicha, de Paer, puis de Halévy (fugue, contrepoint), de Lesueur (composition). Second prix de Rome en 1837, premier en 1839, il vit à Rome jusqu'en 1841. Au cours de cette époque d'intense maturation, il lit beaucoup (Goethe, Lamartine), fréquente l'Opéra (Donizetti, Bellini) et la Sixtine (Palestrina). Étudiant Lully, Gluck, Mozart et Rossini, il rencontre souvent également Ingres, qui l'invite à cultiver ses dons pour le dessin, et Lacordaire ­ il en naît une première crise de mysticisme ­ qui lui dicte plusieurs œuvres religieuses (Te Deum, deux Messes brèves, Hymne, Requiem). Après son départ de la villa Médicis, il passe par Vienne, où il dirige deux de ses œuvres à la Karlkirche et par Leipzig où Mendelssohn lui révèle Bach, avant de retrouver Paris (printemps 1843), où il devient organiste et maître de chapelle aux Missions étrangères. Il y impose aux paroissiens, non sans mal, Bach et Palestrina. Pendant cinq ans, il se soustrait aux séductions du monde, écrivant exclusivement de la musique religieuse. Il noue toutefois des relations amicales avec quelques artistes tels Gustave Courbet, Théophile Gautier, Gérard de Nerval.

D'octobre 1847 à février 1848, il porte l'habit ecclésiastique et signe ses lettres l'Abbé Gounod. Il s'inscrit au cours de théologie de Saint-Sulpice et va écouter les sermons de Lacordaire à Notre-Dame.

En 1848, après les journées révolutionnaires, il renonce à sa vocation sacerdotale et quitte son poste des Missions étrangères.

Les quatre âges de Charles Gounod
2 – GLOIRE ET FRAGILITÉ

En 1849, grâce à l'appui de Pauline Viardot, il obtient le livret de Sapho, opéra en trois actes sur un livret d'Émile Augier, qui est créé à l'Opéra le 16 avril 1851, sans grand succès. Il compose ensuite une musique de scène pour Ulysse de François Ponsard. En 1852, il épouse Anna Zimmerman.

Il préside les Orphéons de la Ville de Paris, de 1852 à 1860. Il écrit alors de nombreux chœurs, comme le Vin des Gaulois. En tant que compositeur de musique sacrée, il assiste en 1860 au « Congrès pour la restauration du plain-chant et de la musique de l'Église ».

Il compose Le Médecin malgré lui, opéra-comique en trois actes d'après Molière, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré, avec qui il collaborera souvent. L'œuvre est créée au Théâtre-Lyrique le 15 janvier 1858, jour anniversaire de la naissance de Molière. En 1859, son opéra Faust est joué au Théâtre-Lyrique, remportant un succès considérable, avec 70 représentations la première année. En 1860, il écrit deux opéras-comiques Philémon et Baucis et La Colombe. Il crée en 1862 La Reine de Saba (livret de Jules Barbier et Michel Carré), opéra qui s'arrête au bout de quinze représentations. En 1867 pendant l'exposition universelle, Roméo et Juliette connaît un succès très vif.


Plusieurs crises mentales l'obligent dans cette période au repos, avec un internement dans la clinique du docteur Blanche. Étudiant en psychiatrie, Émile Blanche avait fini son internat à l'hôpital de la Salpêtrière sous l'autorité du Professeur Leuret, aliéniste aux méthodes brutales et fervent opposant à son père, Esprit Blanche. Ce dernier a créé un asile que son fils est amené à reprendre. Cet établissement d'un genre nouveau a été établi sur le modèle d'une pension de famille et voit de nombreux patients renommés venir s'y faire soigner : Charles Gounod, Théo Van Gogh, Guy de Maupassant et Gérard de Nerval, ami et patient de la famille. Le cadre est celui d’un bel hôtel particulier à La Muette-Passy, propriété de la princesse de Lamballe.

En 1860 Gounod, déjà célèbre grâce à Faust, est invité par la famille impériale à Compiègne. Eugénie lui propose, à son grand étonnement, d'écrire en commun un ballet. Il ne verra jamais le jour. Gounod écrit à sa femme que s'étant mis au piano durant près d'une heure, l'émotion de l'impératrice était à son comble. Pour le prince impérial âgé de quatre ans il joue "Au clair de la lune" et "Marlborough s'en va-t-en guerre". En 1862 l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie assistent à la première de "La Reine de Saba". Ils n’apprécient guère, trouvant dans l'argument de l'opéra de dangereuses tendances socialistes, Gounod tombe alors en disgrâce. Un critique dit : "Faust était son Austerlitz, La Reine de Saba est son Waterloo !"

3 – UNE DERNIÈRE SAISON ANGLAISE

En 1870, fuyant l'invasion allemande, Gounod s'installe en Angleterre, où il fait la connaissance de la chanteuse Georgina Weldon avec qui il aura une liaison pendant quatre ans. En 1872 est donné Les Deux Reines de France, drame de Legouvé qui est mal accueilli. Puis est créé au Théâtre de la Gaîté Jeanne d'Arc drame historique de Jules Barbier, qui ravive le patriotisme français. En 1874, Gounod quitte la Grande-Bretagne. En 1876 est exécutée en l'église Saint-Eustache la Messe du Sacré Cœur de Jésus.

Dans la dernière partie de sa vie, Gounod compose beaucoup de musique religieuse, notamment un grand nombre de messes et deux oratorios La Rédemption (1882) et Mors et Vita (1885).

Il meurt le 18 octobre 1893 à Saint-Cloud. Ses funérailles nationales ont lieu dix jours plus tard à l'église de la Madeleine, avec le concours de Camille Saint-Saëns à l'orgue et de Gabriel Fauré à la tête de la maîtrise. Il est inhumé à Paris, au cimetière d'Auteuil.

4 – MESURE ET CLARTÉ

D'un abord facile, de conversation enjouée, doué d'un esprit rapide, plus enclin à l'admiration qu'à la raillerie, ami sûr et dévoué, ainsi fut l'homme, à la fois sensuel et mystique. Le musicien apparaît plus complexe. On peut lui reprocher facilités et platitudes, une certaine pauvreté de la langue harmonique et du rythme (notamment dans ses œuvres religieuses) ; des efforts trop visibles pour créer de classiques symétries. En fait, son écriture a peu évolué ; mais son style demeure néanmoins personnel, qui recherche la pureté de l'écriture, la beauté de la ligne, la sobriété du discours. Qualités importantes et peu partagées à son époque, où l'art français est écartelé entre l'italianisme (Rossini et ses successeurs) et les recettes sans gloire de l'opéra historique (Meyerbeer). Finalement, l'importance de Gounod se mesure autant à son œuvre (Faust, Mireille, Roméo et Juliette renouvellent le genre) qu'à son action. Dans la mélodie de salon, son souci de la prosodie renforce un tendre et pénétrant lyrisme bien étranger à la romance contemporaine : Biondina évoque Schumann, Venise annonce Fauré. Si sa musique d'église s'accommode d'un mysticisme à la fois mondain et théâtral, à l'opéra, en revanche, il a su donner le meilleur de lui-même et apporter une poésie certaine face aux débordements du bel canto ou du romantisme germanique : à cet égard, Georges Bizet, Édouard Lalo, Massenet, Saint-Saëns lui sont redevables. Ainsi, Charles Gounod aura-t-il contribué à réorienter la musique française vers son propre génie : sa dilection pour la mesure et pour la clarté.

Sources :
- Larousse encyclopédique
- Wikipédia
- Etude de Marie-Hélène Coudroy-Saghaï
Pour tout savoir sur Charles Gounod, il y a un site qui lui est entièrement consacré : ICI



AUTRES AVIS

MERVEILLEUX COUPLE

J’ai été sous le charme complet de cette représentation.
Certes, si Juliette n’est pas toute jeune, elle a merveilleusement chanté. Roméo et Juliette ont fort bien joué ainsi j’ai totalement cru en l’amour impossible de ces deux amants. La direction et l’orchestre ont été magnifiques. Je dois dire que c’est une musique que j’aime depuis longtemps et qu’elle passe pour moi avant la mise en scène quand celle-ci le la gâche pas, ce qui fut le cas.
Oui la mise en scène n’était pas très variée, elle était sombre et les costumes pas conformes à l’époque. MAIS, mais cela nous donne des idées pour faire des décors simples mais avec du mouvement, des objets et des lumières.

Dominique



SOUS LE CHARME

Super, on n'a pas vu le temps passer. Ça fait cogiter sur la mise en scène : un seul décor et des accessoires et surtout des drapés très suggestifs et beaux. Au centre une petite scène surélevée qui participe de ce décor évolutif et qui prend tour à tour le lieu d'une place avec le balcon et / ou le marché, d'une chambre, d'une église puis du sanctuaire. Les chanteurs aménagent eux-mêmes les décors suivants dans une logique de mouvement fluide. Le tout est cependant terriblement sombre. Les chœurs en mouvement, danse ou bagarre donnent du peps  à une pièce somme toute plutôt sinistre.
Voilà en gros mes impressions. Beaucoup de solo... Je pense que nous ne tiendrons pas plus d'une demi-heure avec le chœur.

Isabel


JULIETTE PAS CRÉDIBLE

Pour ma part, ce n'est pas le décor qui m'a gêné. Le côté sombre se marie bien avec le drame qui se joue. Nous pourrions peut-être nous inspirer d'ailleurs de cette plate-forme unique où toutes les scènes se déroulent. Ce qui permet, comme le dit Isabel, la participation des acteurs pour changer les décors. J'ai trouvé les scènes de danses et de combats/duels assez réalistes.
Par contre, ce qui m'a le plus déçue, c'est le casting de Juliette. Diana Damrau, certes chantait très très bien, mais elle n'était pas crédible pour incarner Juliette qui dans l'histoire est une très jeune adolescente. Son jeu de scène, pour ma part, n'a pas suffi à gommer ce décalage, au contraire le faisait ressortir. Roméo, par contre collait plus au personnage et son interprétation vocale et théâtrale faisait plaisir à voir et à entendre.
Quoi qu'il en soit, cette version de Roméo et Juliette pourra toujours nous inspirer...

Monique

DÉCEPTION

21 janvier, 18h55 au ciné-planet d’Alès, une trentaine de membres de la chorale ou de l’orchestre étaient impatients de découvrir, en direct, la production par le prestigieux Metropolitan Opera of New-York du Roméo et Juliette de Gounod, de notre Roméo soi-même. Hélas, hélas, ce ne fut pas la merveille attendue. Et comme cette chronique est parfaitement subjective, elle sera exceptionnellement signée, si d’autres avis veulent se donner à lire ils seront les bienvenus.

Donc allons y voir de plus près sur quelques aspects franchement dérangeants.

LES COSTUMES

Somptueux, forcément, mais pourquoi avoir situé l’histoire au 18ème siècle ? Pourquoi pas bien sûr, mais peut-on se contenter d’un pourquoi pas en la matière ?



LE DÉCOR

Alors que le drame se situe en des lieux bien différents (la rue, la salle de bal du palais, le fameux balcon de Juliette, la chapelle du palais, la crypte des tombeaux), là on nous met tout en vrac dans le même espace, sorte de place toute grise en ville. Le Met aime le gris : déjà il y a quelques mois c’est Don Giovanni qui était enserré dans une sorte d’arène urbaine riche en planches grisâtres. Ensuite il suffit de remplacer les fleurs et les courgettes du marché par des tombeaux sur roulettes, et le tour semble joué… Quelques bonheurs de mise en scène, comme le grand voile blanc qui descend sur la scène (voir photo), ne compensent pas l’indigence générale de ce décor.

LE PUBLIC

Passe encore qu’à New-York, mais hélas diffusé partout, un malotru se soit cru autorisé à brâmer après chaque solo ou duo de tonitruants Bravo, Brava, ou Bravi (il tenait à prouver au monde entier qu’il savait décliner l’italien), bien que l'on puisse supposer que la direction aurait pu lui demander de mettre un bémol à ses extravagances... Ce qui m’a paru le plus choquant c’est le public, de New-York encore, dans son ensemble qui s’est répandu en applaudissements juste après les derniers mots des amants désespérés, un « Pardonnez-nous » tendrement chuchoté. Alors peut-on me dire pourquoi Gounod a fait suivre cette phrase par une douzaine de mesures instrumentales, qui embellissent ce dernier souffle ? 



Si même le public censé aimer l'opéra du Met ne sait pas se tenir à cet égard, qui le fera ? Merci à Karen qui ne manque pas une occasion de nous rappeler qu’il faut accompagner la fin d’une musique par un silence, que ce silence fait partie de la musique même.

Dommage.

Bernard

A suivre…


UN MET DE CHOIX

EN DIRECT DU MET

Une représentation du Roméo et Juliette de Gounod à ne pas manquer ! Le 21 janvier c’est l’opéra de Gounod qui est présenté par le MET (Metropolitan Opera of New-York). En direct, sous forme de diffusion mondiale dans des centaines de villes du monde entier. A Alès ce sera au Ciné-Planet, à 18h55. Durée 3h29, avec un entracte.


Une production somptueuse, apportez vos yeux et vos oreilles ! Et un sandwich pour l'entracte, le cinéma ne vend que des confiseries ou du pop-corn, beurk...


Tarifs :
- Normal : 25 €
- Senior : 21 €

- En prenant une carte de six entrées : 102 €, ce qui revient à 17 € l’entrée. On peut prendre une carte et la partager immédiatement avec cinq autres personnes.


ETAT DES TRAVAUX 1

Après Les Huguenots en juillet 2013, Karen Kapferer nous entraîne dans un nouveau défi musical : l’opéra Roméo et Juliette de Charles Gounod.
Publié il y a exactement 150 ans, à l’occasion de l’exposition universelle de 1867, cet opéra est l’un des plus célèbres au monde, il est aussi l’un des plus touchants, riche en airs fameux.

Tous les intervenants de 2013 avaient été assez frustrés de ne pouvoir jouer que deux fois, après tant d’efforts. Il avait donc été décidé par le CA de l’EVC d’essayer de produire trois représentations en juillet 2017. Un premier problème majeur s’est posé, celui de la salle. Les temples ou églises étant trop petits et malcommodes pour ce genre de spectacle, vers quoi se tourner ? Les recherches ont fini par déboucher vers le seul bâtiment à la fois accessible et convenable : le gymnase Jean-Louis Maurin à Anduze. Mis gratuitement à notre disposition par la municipalité de cette commune, ce gymnase a déjà été utilisé plusieurs fois par le Cratère d’Alès pour divers évènements. Il est assez grand pour contenir 400 spectateurs, une scène d’au moins 60 m2 et un espace confortable pour l’orchestre (voir plan ci-dessous). Du point de vue acoustique la reconnaissance effectuée par Karen a été positive. Ce sera donc là notre scène… Et il y a un balcon, sans lequel Juliette ne serait pas tout à fait Juliette !


La municipalité d’Anduze fait un très bon accueil à ce spectacle (le dernier opéra de cette ampleur y remonte à 1923, pour l’arrivée de l’électricité !), elle nous offrira donc d’autres prestations complémentaires : la salle des Cordeliers pour la fête du dimanche soir, un local de travail, l’accès à une puissante photocopieuse, etc... Mais le gymnase en question pose plusieurs problèmes : d’une part la visibilité pour 400 spectateurs serait meilleure s’il y avait des gradins, d’autre part la chaleur de juillet risque de rendre la salle intenable sans climatisation. Ce sont là deux importants postes de dépenses en cours d’examen et de recherche de solutions.

Il reste donc à gagner un double pari :
- réussir la prestation musicale, instrumentale comme vocale, d’un tel opéra. Mais pour cela il n’y a qu’à suivre Karen, qui a toujours su nous mener avec sa baguette là où il fallait quand il fallait…
- réussir à rassembler 1200 spectateurs là où nous en recevions chaque année environ 600.
Dans cette perspective le CA de l’EVC (où l’EIC est représenté) a lancé plusieurs commissions de travail, auxquelles toutes les bonnes volontés et compétences sont invitées.

COMMUNICATION

Nul dans la région ne doit ignorer que Roméo et Juliette folâtreront sous nos cieux en juillet ! Pour préparer le plan et les détails de cette communication une première réunion aura lieu lundi 30 janvier à 17 h dans la salle Haut-Brion de St Jean du Gard.

Une banderole que l'on verra sur beaucoup de voitures au printemps prochain
MISE EN SCÈNE

Quel type de mise en scène voulons-nous ? Quels costumes, quels décors ? Que pouvons-nous réaliser, comment, avec quels moyens ? Pour préparer le plan et les détails de cette réalisation une première réunion aura lieu lundi 6 février à 17 h dans la salle Haut-Brion de St Jean du Gard.

Les résultats de ces premiers travaux (ainsi que l’organisation de la régie) seront présentés aux instrumentistes et aux choristes lors du WE de travail des 11 et 12 mars. Nous pourrons alors nous organiser pour la production de cet opéra.


Une telle production représente un budget important (près de 35 000 €) pour lequel les dons sont essentiels. Tous les détails à ce sujet, et sur bien d’autres, se trouvent déjà ou se trouveront sur ce blog hebdomadaire.

SHAKESPEARE AND CO

Commençons par les commencements.

Les amours impossibles font partie du fonds culturel commun, dans toutes les époques et sous toutes les latitudes… Mais lorsque l’on évoque leur personnalisation sous les figures des jeunes Roméo et Juliette, on pense avant tout à Shakespeare, dont la tragédie semble être le point de départ de cette histoire. En fait il n’en est rien.

Portrait imaginaire de William Shakespeare
Cinq auteurs au moins ont publié des textes sur ce sujet précis au cours du 16ème siècle, ce qui est vraiment précoce puisque les livres imprimés ont commencé à se répandre vers 1500, et qu’il s’agissait en premier lieu de textes religieux :
- Luigi da Porto (1530s) en italien : Une histoire récente de deux nobles amants,
- Matteo Bandello (1554) en italien : Giulietta e Romeo,
- Pierre Boaistuau (1559) : en français, Une suite d’histoires tragiques,
- Arthur Brooke (1562) en anglais : La tragique histoire de Romeus et Iuliet,
- William Painter (1580) en anglais : Le palais des plaisirs.
Dans toutes ces histoires les événements sont les mêmes, se terminant inévitablement par la mort des deux amants.

Première édition de Shakespeare
William Shakespeare n’est donc pas en mal de sources lorsqu’il publie en 1597 sa pièce « Roméo and Juliet ». Mais il y apporte sa marque caractéristique d’épaisseur des personnages, notamment secondaires (la nourrice, Mercutio, Tybalt), et en alternant les scènes gaies, voire comiques, avec les intrigues cruelles et tragiques. Par rapport aux textes modernes on ne peut que remarquer la verdeur des propos shakespeariens : la scène 1, où pérorent les jeunes coqs de la maison Capulet, abonde en sous-entendus grivois et en allusions salaces. Plus près des venelles d’une banlieue véronaise que des salons du second empire.

En dehors des opéras romantiques, comme celui de Gounod, cette histoire a inspiré de nombreuses formes artistiques, parmi lesquelles on retiendra deux films:
- West Side Story : drame lyrique américain de Leonard Bernstein créé le 26 septembre 1957 à Broadway. La chorégraphie et la mise en scène étaient de Jerome Robbins, les décors d'Oliver Smith et les costumes d'Irene Sharaff. Située dans le quartier de Upper West Side à Manhattan dans le milieu des années 1950, l'intrigue cible surtout la rivalité entre Jets et Sharks, deux bandes de jeunes des bas-quartiers, pour le monopole du territoire. Les Jets, jeunes de la classe ouvrière blanche, se considèrent comme les véritables Américains car nés en Amérique, même si de parents eux-mêmes émigrés, d'Irlande, de Suède ou encore de Pologne. Les Sharks appartiennent à la deuxième génération d'émigrés venus, eux, de Porto Rico. Tony, ami du chef des Jets Riff, rencontre Maria, la sœur de Bernardo, chef des Sharks. Ils tombent amoureux l'un de l'autre au premier regard lors d'une soirée dansante. Et il arrive ce qui doit arriver… On en reparlera sur ce blog.
- Gnoméo et Juliette : long-métrage d'animation américain de Touchstone Pictures, sorti en 2011. Séparés par une simple barrière en bois, les nains bleus d'un côté et les nains rouges de l'autre ne cessent de se faire la guerre, utilisant, de génération en génération, leurs jardins comme champs de bataille ! Mais alors qu'ils sont supposés se détester, la jolie Juliette au bonnet rouge et le brave Gnomeo sous son bonnet bleu tombent follement amoureux. Épaulés par leurs fidèles amis Nanette la grenouille, Champi et leur flamant rose en plastique adoré arriveront-ils à faire accepter leur amour à leur famille respective ?

Plusieurs traductions françaises du drame de Shakespeare ont été publiées au fil des siècles : l’une des plus fidèles au ton d’origine semble bien être celle d’Yves Bonnefoy en 1968, aujourd’hui disponible en version poche chez Folio à 2,50 €.