Commençons par les commencements.
Les amours impossibles font partie du fonds culturel commun, dans toutes les époques et sous toutes les latitudes… Mais lorsque l’on évoque leur personnalisation sous les figures des jeunes Roméo et Juliette, on pense avant tout à Shakespeare, dont la tragédie semble être le point de départ de cette histoire. En fait il n’en est rien.
Portrait imaginaire de William Shakespeare |
Cinq auteurs au moins ont publié
des textes sur ce sujet précis au cours du 16ème siècle, ce qui est
vraiment précoce puisque les livres imprimés ont commencé à se répandre vers
1500, et qu’il s’agissait en premier lieu de textes religieux :
- Luigi da Porto (1530s) en
italien : Une histoire récente de
deux nobles amants,
- Matteo Bandello (1554) en italien :
Giulietta e Romeo,
- Pierre Boaistuau (1559) :
en français, Une suite d’histoires
tragiques,
- Arthur Brooke (1562) en anglais :
La tragique histoire de Romeus et Iuliet,
- William Painter (1580) en
anglais : Le palais des plaisirs.
Dans toutes ces histoires les
événements sont les mêmes, se terminant inévitablement par la mort des deux
amants.
Première édition de Shakespeare |
William Shakespeare n’est donc pas
en mal de sources lorsqu’il publie en 1597 sa pièce « Roméo and Juliet ».
Mais il y apporte sa marque caractéristique d’épaisseur des personnages,
notamment secondaires (la nourrice, Mercutio, Tybalt), et en alternant les
scènes gaies, voire comiques, avec les intrigues cruelles et tragiques. Par
rapport aux textes modernes on ne peut que remarquer la verdeur des propos
shakespeariens : la scène 1, où pérorent les jeunes coqs de la maison
Capulet, abonde en sous-entendus grivois et en allusions salaces. Plus près des
venelles d’une banlieue véronaise que des salons du second empire.
En dehors des opéras romantiques,
comme celui de Gounod, cette histoire a inspiré de nombreuses formes
artistiques, parmi lesquelles on retiendra deux films:
- West Side Story : drame lyrique américain de Leonard Bernstein
créé le 26 septembre 1957 à Broadway. La chorégraphie et la mise en scène
étaient de Jerome Robbins, les décors d'Oliver Smith et les costumes d'Irene
Sharaff. Située dans le quartier de Upper West Side à Manhattan dans le milieu
des années 1950, l'intrigue cible surtout la rivalité entre Jets et Sharks,
deux bandes de jeunes des bas-quartiers, pour le monopole du territoire. Les
Jets, jeunes de la classe ouvrière blanche, se considèrent comme les
véritables Américains car nés en Amérique, même si de parents eux-mêmes
émigrés, d'Irlande, de Suède ou encore de Pologne. Les Sharks appartiennent à
la deuxième génération d'émigrés venus, eux, de Porto Rico. Tony, ami du chef
des Jets Riff, rencontre Maria, la sœur de Bernardo, chef des Sharks. Ils
tombent amoureux l'un de l'autre au premier regard lors d'une soirée dansante.
Et il arrive ce qui doit arriver… On en reparlera sur ce blog.
- Gnoméo et Juliette : long-métrage d'animation américain de
Touchstone Pictures, sorti en 2011. Séparés par une simple barrière en bois,
les nains bleus d'un côté et les nains rouges de l'autre ne cessent de se faire
la guerre, utilisant, de génération en génération, leurs jardins comme champs
de bataille ! Mais alors qu'ils sont supposés se détester, la jolie Juliette au
bonnet rouge et le brave Gnomeo sous son bonnet bleu tombent follement
amoureux. Épaulés par leurs fidèles amis Nanette la grenouille, Champi et leur
flamant rose en plastique adoré arriveront-ils à faire accepter leur amour à
leur famille respective ?
Plusieurs traductions françaises
du drame de Shakespeare ont été publiées au fil des siècles : l’une des
plus fidèles au ton d’origine semble bien être celle d’Yves Bonnefoy en 1968,
aujourd’hui disponible en version poche chez Folio à 2,50 €.