Dès le VIème siècle, ce chant
faisait partie des pièces liturgiques monacales. Attribué à saint Ambroise il
est inscrit dans la règle de saint Benoit (vers 530) puis pratiqué durant tout
le moyen-âge, avec le même premier verset : « Te Deum laudamus, Te Dominum confitemur…», celui-là même qui est
toujours chanté aujourd’hui.
Il s’agissait déjà d’un chant
solennel d’action de grâce, entonné par l’abbé le dimanche ou à l’occasion de
cérémonies importantes (octave de Noël, élection d’un pape, sacre d’un roi).
Peu à peu l’usage s’imposa de le
chanter pour célébrer des événements de la vie civile et militaire, notamment
les victoires guerrières. Mais il était aussi chanté à l’heure du trépas, en
signe de confiance en la miséricorde de Dieu.
A partir du XVIIème siècle la
louange devint plus équivoque : sous couleur de chanter la gloire du
Seigneur spirituel c’est plutôt celle du seigneur temporel qu’il s’agissait
d’honorer. Louis XIV étant très friand de cette gourmandise musicale, de
nombreux compositeurs lui en firent l’hommage, par exemple Lully, Charpentier,
Haendel.
La gloire du Prince célébrée par les anges, détail d'un tableau attribué à Charles Le Brun |
La réforme calviniste supprima en
ses débuts le Te Deum de ses
cérémonies, mais elle le rétablit assez rapidement.
La vogue du Te Deum se maintint sous Louis XV, mais son aspect liturgique avait
presque complètement disparu dans cette période frivole : on le jouait en
concert plus qu’à l’église. La Révolution pris ses distances, mais Napoléon
rétablit ce chant de glorification dans toute sa splendeur pour son sacre en
1804.
Manuscrit médiéval du te Deum |
A partir de ce moment-là, le Te Deum resta inscrit comme un
exceptionnel instrument de célébration des fêtes publiques. Une traduction
officielle en a été publiée en 1990 à Rome par le cardinal Ratzinger. Cette
traduction s’efforce de retrouver l’esprit du texte latin. Par exemple la
phrase « Tibi Cherubim et Seraphim »
était autrefois traduite officiellement par « Les anges et les
esprits des cieux » alors que la nouvelle traduction retrouve « Les
Chérubins et les Séraphins ». Ce qui n’a pas grande importance car le Te Deum se chante surtout en latin…
Une anecdote locale : comme
les officiers municipaux cévenols s’efforçaient au XIXème siècle de ne fâcher
aucune des deux religions présentes, à chaque occasion c’était un double Te Deum qu’ils allaient écouter, d’abord
au temple puis à l’église ou inversement…