Il faut remonter à loin pour
trouver à Anduze un opéra de grande allure comme celui que nous montons pour
juillet prochain avec 50 choristes, 30 instrumentistes, 7 solistes, et la
cheffe, ne pas oublier la cheffe ! Une centaine de participants, qui
répètent déjà avec assiduité. Selon nos informations il faut chercher il y a près d'un siècle...
L’électricité publique n’arrive à
Anduze qu’en juin 1923. C’est pour célébrer l’événement que la municipalité décide
d’organiser la production le 15 juillet d’un opéra en plein air au parc des
Cordeliers.
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Gaston Doumergue |
Cette année-là c’est la grande
affaire du maire d’Anduze, Jean Gaussorgues. Il s’agit notamment d’inviter le
plus possible de personnalités brillantes : une belle prise serait sans
conteste le Gardois Gaston Doumergue (1863-1937) qui vient d’être élu président
du Sénat. Gaussorgues lui écrit : « Mon Cher Président et ami, Je n’ai pas
besoin d’insister pour vous rappeler la sympathie unanime dont vous jouissez
dans notre Gardonnenque et spécialement à Anduze. Aussi, je suis presque sûr,
d’avance, que vous accepterez de grand cœur notre nouvelle invitation à la présidence
d’une nouvelle inauguration : celle de l’énergie électrique dans notre pauvre
et antique cité, que nous essayons par tous les moyens possibles de relever un
peu de sa décadence journalière. Ce sera pour le dimanche 15 juillet, 18
heures. Réception, dîner intime de 40 couverts offert par la ville d’Anduze,
et, à 19 heures, la Tosca avec le concours des meilleurs artistes, dans notre
beau parc des Cordeliers qui sera, pour la circonstance, richement illuminé.
C’est vous dire que notre ville sera, ce jour-là, le rendez-vous des Cévennes
et de la Gardonnenque ». Doumergue décline l’invitation, tout en envoyant ses
chaleureux compliments. Un an plus tard, il est élu président de la République.
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Affiche de création de la Tosca |
On joue la Tosca de Puccini, créé
en 1900 à Rome, avec les chanteurs de l’opéra de Marseille et l’orchestre du
grand théâtre de Nîmes. Un train spécial aller et retour vers Alès, avec
correspondance vers Nîmes, est prévu. Des gendarmes de tout le canton sont
mobilisés. L’entrée est gratuite mais la location de chaises se fait
obligatoirement par la mairie au prix de 3 francs, c’est le syndicat d’initiative
d’Alès qui en a fourni 500 moyennant finances. On n’en retrouvera que 473.
Un repas intime regroupe les
notables autour du préfet, puis 3 000 personnes peuvent assister au spectacle.
L’éclairage est décrit comme un peu chaotique mais néanmoins féérique. Le
succès est tel que l’on récidive : le 19 août 1923 une représentation de
Werther fait un triomphe devant 5 000 spectateurs. Au delà de ces performances
artistiques l’électricité apporte à Anduze un réel espoir de sortir de sa
spirale économique dépressive : les industries pourraient se développer, la vie
culturelle fleurir…